Qu’est-ce que les enfants apprennent (vraiment) à l’école maternelle ?

Depuis septembre 2019, l’instruction est obligatoire dès 3 ans. Cette décision, instaurée par la loi pour une école de la confiance, vise à réduire les inégalités dès le plus jeune âge. Arrivés en CP, certains enfants qui n’étaient pas scolarisés jusque-là n’avaient aucune base pour commencer les apprentissages fondamentaux comme la lecture et l’écriture. Malgré ce que de nombreuses personnes peuvent penser, les années maternelle sont extrêmement importantes, et la pédagogie qui y est appliquée est cruciale pour les années suivantes. Voici ce qu’il se passe vraiment à l’école pour des petits de 3 à 5 ans.

La socialisation

Une des missions premières de l’école est la socialisation des enfants. Dès la petite section, ils observent, imitent et interagissent avec les adultes et leurs camarades. Des liens d’amitié se forment et ils apprennent à vivre en communauté.

À l’école, il faut respecter les autres. Petit à petit, les enfants comprennent que chacun peut avoir un point de vue différent lors d’un échange. Nous ne pensons pas tous de la même façon et c’est cela qui fait notre force. Le vivre-ensemble est essentiel.

C’est à cet âge aussi que les enfants se rendent compte que certains sont des garçons, tandis que les autres sont des filles. L’école les aide à comprendre qu’ils sont tous égaux et les stéréotypes y sont mis à mal. Lilou a le droit de jouer au football dans la cour, et Mathis est encouragé à s’amuser au coin cuisine.

Au global, à l’école, l’enfant devient élève, mais aussi citoyen. L’école maternelle, ou cycle des apprentissages premiers, est une version miniature de la société. L’écolier apprend à porter un regard positif sur les différences, à faire preuve d’empathie. Il commence également à se construire en tant qu’individu, et à saisir le concept de droits et de devoirs.

Les droits des enfants à l’école sont, par exemple, s’exprimer, jouer, apprendre, faire des erreurs, être aidé et protégé. Tandis que les devoirs en collectivité peuvent être : attendre son tour, partager les objets ou encore respecter le matériel de l’école.

L’acquisition de toutes ces qualités se font à chaque moment de la journée. On questionne le bien et le mal au cours d’une lecture, on exprime ses sentiments grâce à une marionnette, on fait partie d’un groupe le temps d’une chanson, et on respecte l’adversaire en lançant la balle dans la salle de motricité.

La confiance en soi

La maternelle, encore appelée cycle 1, est la première expérience de l’école pour tous les enfants. Elle doit leur donner envie d’y aller chaque jour et de continuer à étudier pendant de longues années. Bien sûr, ils s’y rendent pour apprendre, mais aussi pour affirmer et développer leur personnalité.

Avec les bonnes méthodes et les bons outils, chaque enfant est capable de réussir. Personne n’arrive en petite section sans acquis. Chacun possède déjà des savoir-faire, des connaissances et des représentations du monde. En famille ou chez nounou, un bambin a développé des habitudes, réalisé des expériences. L’école maternelle fait en sorte que les enfants comprennent cela pour qu’ils puissent gagner en assurance.

L’auto-évaluation se fait dès la première année d’école. Chacun apprend à reconnaître ses succès et ses erreurs et à porter un regard objectif sur lui-même. En classe, chaque chérubin est évalué selon les mêmes critères. Ceux-ci sont connus à l’avance, donc les enfants savent exactement ce qui est attendu d’eux.

Le bien-être de l’enfant à l’école dépend aussi de la vision que ses parents ont du système scolaire. Un des rôles primaires de l’école maternelle est donc de mettre aussi les parents en confiance et de les accompagner pour qu’ils puissent à leur tour soutenir leurs enfants dans leur scolarité. Les parents font partie de l’équipe éducative, ne l’oublions pas.

Le langage

Au cycle 1, le domaine d’apprentissage majeur est intitulé « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions ». En effet, sans langage, qu’il soit oral ou écrit, acquérir des connaissances et des compétences devient quasi-impossible. Le langage s’acquiert de manière naturelle pour chaque enfant, peu importe sa langue maternelle. Le but est de l’amener à utiliser ce langage de façon correcte et intentionnelle.

Le rôle de l’enseignant est crucial dans cette acquisition. Chaque moment de la journée (pendant l’appel, en création artistique, en motricité, avant d’aller aux toilettes…) est propice aux échanges. Avec un vocabulaire et une syntaxe riches, le maître ou la maîtresse amène les élèves à parler, écouter, mémoriser, réfléchir, seul ou avec les autres, reformuler et essayer de comprendre.

Souvent, l’enseignant se met en retrait. Il n’intervient que pour guider l’enfant grâce à des questions ciblées. Si besoin, il reprend ses paroles pour lui apporter des mots ou des structures de phrase plus adaptés, ce qui l’aide à progresser.

Dès la grande section, les enfants commencent à comprendre les effets que le langage peut avoir sur autrui. Un message oral peut faire rire, faire plaisir, mais aussi heurter. Un message écrit peut amener un destinataire absent à faire quelque chose. Ils réalisent qu’il faut parfois expliquer et réexpliquer pour qu’un interlocuteur comprenne.

La langue écrite est, dans un premier temps, lue par l’enseignant ou l’ATSEM. Petit à petit, l’élève commence à dicter des productions écrites à l’adulte (il est important pour lui de voir que ce qu’il dit peut devenir des mots sur papier), puis à produire des écrits de manière autonome. Ce ne sont d’abord que des lettres ou symboles, puis des syllabes, et enfin son prénom.

À la fin de la grande section, l’élève est capable d’écrire de courtes phrases, et ce dans les trois écritures (cursive, script, capitales). Il est aussi capable de reconnaître quels « codes » font quels sons et de lire quelques mots.

Les mathématiques

Les mathématiques font également partie du domaine du langage. Tracer des chiffres et acquérir du vocabulaire spécifique (cube, plus long que, triangle, moins que, ajouter…) sont au programme. En maternelle, les enfants acquièrent les premiers outils qui leur seront nécessaires à l’école élémentaire et au-delà.

Quand, à 2 ans et demi ou 3 ans, un enfant arrive en maternelle, il a déjà une intuition des grandeurs. Il peut comparer des tailles, des volumes, il sait dire s’il y en a plus ici ou là. L’école va l’aider à faire sens de tout cela et à affiner ses connaissances.

Tous les savoirs et savoir-faire se construisent autour du jeu. En récitant une comptine, il va apprendre à compter jusqu’à 5 (comptine numérique), puis en manipulant des objets, il va graduellement comprendre que si on en enlève 1, il en reste 4. Plus tard, il arrivera à faire fi de la comptine et à compter à partir d’un chiffre autre que 1, puis à compter à l’envers. Il va également découvrir, par exemple, que 4 gros cubes équivalent à 4 petites baguettes.

Une approche ludique permet de stimuler la curiosité, le plaisir et le goût de la recherche chez l’enfant. Ici encore, toute situation est propice à la manipulation des nombres et des formes. En général, le matin, l’enseignant et sa classe comptent le nombre d’élèves présents avant que les activités commencent.

Les petits apprennent aussi à reconnaître des formes, à organiser des objets en fonction de différents critères, comme leur forme, leur longueur, leur couleur ou leur masse. Ils développent leur logique grâce notamment à des puzzles, des cartes ou des séries de couleurs à compléter.

Les nombres sont partout et il y a différentes méthodes pour compter. Avec un dé, avec les doigts de la main, avec des objets mis côte à côte, avec la perception seule. Les élèves ont à faire à de nombreuses façons de développer leurs connaissances mathématiques : résolution de problèmes, construction de maquettes, reproductions avec des gommettes, suivi d’une recette, etc.

Le monde qui les entoure

À l’école, on découvre le monde. Comment se déroule une journée, une semaine, une année ? Combien de temps dure une activité ? Comment se déplacer de différentes manières et dans des environnements variés ? Qu’y a-t-il dans la ville ? Quel est ce pays sur la carte ? Comment dit-on bonjour en anglais ? Quel son fait cet instrument ? Comment pousse une fleur ? Comment naît un poussin ? La curiosité des enfants est sans fin, ils ont soif de tout connaître, tout savoir. L’école maternelle les accompagne dans la découverte de ce qui les entoure.

Ici encore, le langage est clé. Chaque atelier se déroule grâce à du vocabulaire spécifique. Difficile de raconter le déroulé de sa matinée, du lever jusqu’à la cantine. Il faut commencer par apprendre des mots comme « d’abord », « après », « en même temps », etc.

Les sorties avec la classe sont une occasion de découvrir plus en détail des endroits familiers comme son quartier. Il y a aussi des occasions de parler d’endroits qu’on ne connaît peut-être pas, comme la montagne ou la mer. On découvre le monde du vivant, le cycle de la vie, les éléments, les différentes matières, le respect de l’environnement.

Lors d’une séance de sport, il faudra comprendre la consigne « passe dessous », « lance loin » et ainsi de suite. Il faudra aussi mémoriser les différentes parties de son anatomie pour apprendre à mieux connaître son corps et à en prendre soin. Les enfants réussissent peu à peu à coopérer et à se montrer, notamment lors de séances de danse.

Les enfants développent aussi leur culture artistique grâce à l’étude de certains albums de littérature et de leurs auteurs, à la découverte de musiques de tous horizons, aux spectacles vivants et aux langues étrangères.

Ils manipulent des matières, connues ou non. Le bois et le sable sont des matières naturelles, le carton et la semoule sont fabriqués par l’homme. Ils associent un outil avec une action : les ciseaux pour couper, un gabarit pour mesurer. Enfin, ils apprennent à se servir d’outils numériques comme l’appareil photo ou l’ordinateur.

L’école maternelle est une étape cruciale dans les apprentissages. Elle pose toutes les bases nécessaires à une scolarité sereine à l’école élémentaire et au-delà. Toute activité et tout moment de la journée sont propices à l’acquisition de mots de vocabulaire, aux échanges entre pairs, à l’émerveillement. Grâce à la différenciation pédagogique, chaque enfant est pris en charge dans son individualité et développe ses capacités à son rythme. À la maternelle, on ne se contente pas de faire du dessin et de coller des gommettes !

Source : https://eduscol.education.fr/83/j-enseigne-au-cycle-1

Article écrit par Caroline Kerhom-Nookala

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